Dans un lotissement « entre la forêt et la plage » : Lui, Elle et L’Autre. L’Autre est en fait le fils de Lui (un CRS à la retraite). Elle, c’est Patricia, la jeune compagne du père. Elle débarque un matin pour s’installer chez eux. Dans l’univers clos de la maison, les trois habitants s’observent :que fait le fils de ses journées et de ses nuits ? André (Lui), pourquoi disparaît-il parfois ? Et Patricia, que pense-t-elle vraiment ? Au départ, il y a un titre : Lotissement. Avant les mots, il y a un lieu. Le lotissement, c’est la sensation d’un espace blanc. Une étendue: des rectangles, des carrés, des figures qui, alignés, seraient ce lotissement. Un ensemble de maisons dans lesquelles se joue l’intime. Ce qui m’intéresse toujours, c’est d’abord l’espace et c’est de cette espace que peut naître le théâtre. Dans le texte de Fréderic Vossier, il est question d’une maison et plus précisément de la chambre du fils. La chambre comme seul lieu du drame. La chambre du fils comme alcôve unique. L’extérieur restera toujours un fantasme, un ailleurs, l’inconnu. Le texte m’évoque cette sensation de zoom vers l’intérieur : du lotissement vers la maison, la maison vers la chambre, la chambre vers les écrans évoqués sans cesse ; un zoom dans l’intime. La maison. Cet espace, j’ai choisi de le figurer par des lignes blanches tracées au sol : un dedans et un dehors dans une abstraction totale qui permettra au spectateur de se projeter vers un espace plus mental, celui des personnages. Il y a la lumière, minimale. La lumière des néons, la lumière des lotissements la nuit, la lumière des parkings, celle du frigo, une lumière crue entre clair et obscur, entre visible et invisible, entre l’intérieur et l’extérieur. J’ai travaillé sur des formes simples afin que tout participe de l’univers du texte, en utilisant les outils propres au théâtre — jeu, espace, son, lumière — sans hiérarchisation aucune. J’ai souhaité créer des silhouettes hiératiques d’où naissent les mots.