Créations et Spectacles en Tournée 2015 . 2016
Âgé de 31 ans, Tommy Milliot fonde la Compagnie Man Haast en janvier 2014.
Autour d’une équipe soudée (artistique comme technique), l’ambition de Man Haast est d’approfondir et densifier des formes scéniques simples en utilisant les outils propres au théâtre : son, lumière, jeu, vidéo sans hiérarchisation aucune. Ce travail est porté par une équipe unie, avec la complicité de la dramaturge Sarah Cillaire et des acteurs comme Eye Haidara ou Isaïe Sultan.
Créations et Spectacles en Tournée 2015 . 2016
(surtout lorsqu’il n’y est pas)
J’ai ouvert le livre et j’ai cherché à retranscrire au plus juste les sensations qui me sont parvenues. C’est d’autant plus passionnant que ce livre parle d’enfance sans convoquer d’univers enfantin. C’est ce qui rend le texte et les images à la fois fascinants pour les petits etinquiétants pour les plus grands. Il fallait faire du théâtre avec cet album et le point de départ a été l’espace. J’ai cherché à retrouver la forme même de l’album : deux images mises en miroir, à l’intérieur desquelles les comédiens portent le texte. J’ai travaillé sur des formes simples et des couleurs primaires afin que tout participe d’un même univers, en utilisant les outils propres au théâtre – espace, son, lumière – sans hiérarchisation, pour respecter l’unité trouvée entre les illustrations de GWEN LE GAC et le texte de CHRISTOPHE HONORÉ. Dans LA RÈGLE D’OR DU CACHE- CACHE, les clés sont données peu à peu, page après page ; j’ai voulu suivre ce dévoilement progressif, tableau après tableau, en m’appuyant sur les ruptures nettes de l’album. Le narrateur m’est apparu comme l’ouverture possible vers la théâtralité : c’est lui qui fait naître en même temps l’histoire et le théâtre.
La solitude de Katell devient une solitude habitée, une solitude choisie qui permet l’apprentissage de la liberté.
Photos . Alain Fonteray
Créations et Spectacles en Tournée 2015 . 2016
Une femme aime un homme qui ne l’aime pas. C’est la déesse Aphrodite qui a dressé le piège : offensée par Hippolyte qui lui préfère sa rivale Artémis, Aphrodite trouve un moyen de se venger. Elle maudit Phèdre et la condamne à aimer son beau-fils Hippolyte. Inspiré du mythe, le spectacle pose la question du sentiment de Phèdre comme une maladie que tout le monde peut contracter, une malédiction. Ni réécriture ni adaptation, juste Phèdre « avant la tragédie », victime des Dieux. Que je t’aime met en scène cet amour violent, un amour fabriqué comme un instantané sans fin. En transposant le mythe dans l’espace d’une salle de sport, cette proposition renoue avec la figure originelle d’Hippolyte, voué au culte de son corps, obsédé par son idéal de pureté, méprisant les couples et refusant l’amour. La passion de Phèdre, fantasmagorique, ouvre alors un espace hors-champ de sublimation où l’objet d’amour devient bourreau. Que je t’aime devient un travail sur les mots, un laboratoire de recherche sur le son et le cri de Phèdre pour Hippolyte. Ce cri vient briser le silence, cri de colère, de déception et de honte, cri de vengeance, cri de libération. Le texte de Racine sera une partition oeuvrant à placer la métamorphose du langage et du sens (répétition et mutation, variation), exigeant de l’acteur une implication complète presque sportive.
Photos . Alain Fonteray
Créations et Spectacles en Tournée 2015 . 2016
(vue du ciel)
« Un couple. Ils courent après le plaisir de leurs enfants. Rendre un enfant heureux. C’est accessible. Ça occupe. Un après-midi, un dimanche, tout un été. Ça comble. » Se dire que manger un abricot tiède est un plaisir simple puis, tout de suite après, se dire qu’on ne peut plus parler comme ça, que ce serait comme vendre un yaourt, et que les mots ne nous appartiennent plus, ni d’ailleurs nos désirs. Qu’on nous a colonisé nos désirs. Qu’on s’inscrit pourtant dans une continuité et qu’alors, ce dont on a hérité, comment réussir à le transmettre ? « Elle dit peut-être que nos enfants sont investissement à perte. Tu lui dis que c’est un risque à prendre […] Décidément cette débauche de vacances vous fait courir à votre perte ».
MAN HAAST
Festival Actoral, Théâtre des Bernardines.
Créations et Spectacles en Tournée 2015 . 2016
Dans un lotissement « entre la forêt et la plage » : Lui, Elle et L’Autre. L’Autre est en fait le fils de Lui (un CRS à la retraite). Elle, c’est Patricia, la jeune compagne du père. Elle débarque un matin pour s’installer chez eux. Dans l’univers clos de la maison, les trois habitants s’observent :que fait le fils de ses journées et de ses nuits ? André (Lui), pourquoi disparaît-il parfois ? Et Patricia, que pense-t-elle vraiment ? Au départ, il y a un titre : Lotissement. Avant les mots, il y a un lieu. Le lotissement, c’est la sensation d’un espace blanc. Une étendue: des rectangles, des carrés, des figures qui, alignés, seraient ce lotissement. Un ensemble de maisons dans lesquelles se joue l’intime. Ce qui m’intéresse toujours, c’est d’abord l’espace et c’est de cette espace que peut naître le théâtre. Dans le texte de Fréderic Vossier, il est question d’une maison et plus précisément de la chambre du fils. La chambre comme seul lieu du drame. La chambre du fils comme alcôve unique. L’extérieur restera toujours un fantasme, un ailleurs, l’inconnu. Le texte m’évoque cette sensation de zoom vers l’intérieur : du lotissement vers la maison, la maison vers la chambre, la chambre vers les écrans évoqués sans cesse ; un zoom dans l’intime. La maison. Cet espace, j’ai choisi de le figurer par des lignes blanches tracées au sol : un dedans et un dehors dans une abstraction totale qui permettra au spectateur de se projeter vers un espace plus mental, celui des personnages. Il y a la lumière, minimale. La lumière des néons, la lumière des lotissements la nuit, la lumière des parkings, celle du frigo, une lumière crue entre clair et obscur, entre visible et invisible, entre l’intérieur et l’extérieur. J’ai travaillé sur des formes simples afin que tout participe de l’univers du texte, en utilisant les outils propres au théâtre — jeu, espace, son, lumière — sans hiérarchisation aucune. J’ai souhaité créer des silhouettes hiératiques d’où naissent les mots.
Photos . Alain Fonteray
MAN HAAST
Avec le soutien à la création du
Festival ActOral
Montevideo – Centre de créations contemporaines, Ménagerie de verre
dans le cadre de Studiolab, Théâtre de Gennevilliers – centre dramatique national de création contemporaine